lundi 21 juillet 2008
Oum Khalthoum à l'Institut du Monde Arabe à Paris
À Paris, sur le parvis de l'Institut du monde arabe, le bel hommage à l'«ultima diva» égyptienne se noie dans une scénographie kitsch.
La quatrième Pyramide, le Rossignol du Caire, l'Astre de l'Orient, la Dame, le Souffle parfumé, la Perle de l'art, la Mère de cent millions de musulmans… p ar leur profusion, superlatifs et surnoms laudateurs trahissent l'impossibilité d'exprimer tout l'amour que le monde arabe voue à Oum Kalsoum. « Si on veut la décrire, on n'arrivera jamais à trouver son équivalent », signalait Ahmed Rami, un de ses plus fameux paroliers.
Pour dire l'état de transe si particulier que provoquait chaque apparition de la plus grande chanteuse orientale de tous les temps (née vers 1900, morte en 1975), on a même créé les mots tarab qui signifie à peu près « délire collectif », « vagues de foules ardentes », « hystérie » ; et maazag qu'on pourrait traduire par « plaisir à son comble » ou « intense volupté »…
Ce n'était donc pas une mince affaire pour l'Institut du monde arabe que d'évoquer par une exposition cette personnalité et cette influence si exceptionnelles (rien qu'en Égypte, 300 000 cassettes et CD de la diva se vendent encore chaque année).
On encouragera donc le visiteur à écarter la croûte de sucre pour se concentrer sur les magnifiques photographies noir et blanc ou colorisées ; écouter (au casque) une des 285 chansons répertoriées dans la discographie et méditer sur les textes (traduits) : autant de témoignages et d'une beauté et d'un destin hors du commun.
Passé les sacs à main de designers et autres portraits de peintres confits en dévotion Oum Kalsoum à la sauce pop art, calligraphies en perles métalliques, cravates en soie et foulards en mousseline brevetée , la visite permet donc tout de même de comprendre de quoi était fait le génie de la chanteuse. Ses qualités sont nombreuses : un timbre riche, une diction parfaite pour des poèmes qui ont parfois le même mètre et la même rime qu'au XIIIe siècle ; une capacité stupéfiante d'improviser des arabesques sur différents modes les récitals se prolongeant des heures durant , une présence toute de tendresse, de passion et de souffrance ; des sentiments profanes et sacrés ainsi qu'un nationalisme exacerbé, capable successivement de louanges au roi Farouk, à Nasser puis à Sadate ; une communion avec toutes les couches de la société, car Oum Kalsoum chante tantôt en arabe classique tantôt en dialectal…
Autres raisons, moins connues, de son succès : l'apparition dans certaines orchestrations d'une guitare électrique et sa présence aux premières émissions de la radio égyptienne puis, bien plus tard, à celles de la télévision nationale…
Lors de son seul passage en France, en avril 1967, la diva reçut un télégramme de félicitations de De Gaulle. Notre confrère Jean Macabiès la décrivit alors dans France Soir comme « une pythonisse visitée par l'Esprit saint ». En vidéo dans l'exposition, Dylan, Béjart, Patti Smith, Bono et bien d'autres se joignent à ce concert de compliments.
Oum Kalsoum, la Quatrième Pyramide », jusqu'au 2 novembre à l'IMA
Pour visiter le site de l'IMA cliquez ici
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