Février 1975-février 2010, il y a exactement 35 ans que Oum Kalthoum, la diva égyptienne, nous a quittés !
La cantatrice qui a ensorcelé de sa voix enchanteresse et miraculeuse, des millions de fans à travers le monde arabe pour qui, elle fut et reste encore, la chanteuse-culte. Dénommée « Astre de l’orient », cette dame à la voix phénoménale dont on dit qu’elle émettait 14000 vibrations par seconde, (contre 4000 pour une voix normale), reste trente cinq ans après sa mort, la chanteuse la plus adulée, la plus écoutée dont les tubes enregistrent toujours, les plus importants taux de vente auprès des maisons d’édition de musique, suivie en cela, des grands classiques de musique arabe (notamment Mohamed Abdelwaheb, Abdelhalim Hafedh).
Oum Kalthoum a en effet laissé un répertoire riche de plus de 300 chansons sur des thèmes variés : amour, nature, patrie, religion… Aucune chanteuse, depuis sa disparition en février 1975, n’a pu l’éclipser auprès d’un public amoureux de musique classique et authentique arabe. Cette petite fille prodige d’origine paysanne commença son parcours par les récitals coraniques et les chants liturgiques en compagnie de son père alors imam de la mosquée du village. Grâce à sa voix au timbre unique, elle a pu escalader peu à peu les marches de la gloire et s’attirer les feux de la rampe en s’installant plus tard au Caire, où elle fit connaître l’étendue de son talent, aidée en cela, par les musiciens connus à cette époque, tel que Cheikh Abou Al Ala. Le hasard fut qu’elle rencontra dans sa jeunesse les plus grands génies de musique et de poésie : Le poète Ahmed Rami et les virtuoses Mohamed Kasabji, Zakaria Ahmed, et Riadh Sambati qui lui écrivirent et composèrent un florilège de belles chansons . Désormais, elle pourra siéger sur le trône de la chanson arabe sans rencontrer aucun concurrent.
Les concerts se succédèrent à tel point que chaque mois une nouvelle chanson était transmise en direct sur les ondes hertziennes auxquelles tous ses fans se branchaient partout dans le monde arabe à la même heure ! Avec l’émergence du nationalisme égyptien et la révolution des Officiers libres en 1952, la Diva fut la cible de la presse nationaliste sous prétexte que ses chansons étaient à l’origine de l’immobilisme et de l’indolence du peuple et elle fut accusée de faire partie de la classe des riches proche de la cour royale à l’époque. Ses chansons furent aussitôt interdites à la radio. Il a fallu l’intervention de Jamel Abdennasser, chef de la révolution et grand fan d’Oum Kalthoum, pour que la diva reprenne sa popularité auprès des Egyptiens et des Arabes.
Favorable au changement, elle trouva dans sa voix un moyen efficace pour servir la Révolution et transmettre ses nouvelles valeurs. Elle fut une partisane fervente pour l’édification de la nouvelle nation. Dès lors, elle alterna chansons épiques et chansons d’amour aussi bien en arabe classique que dialectal, des chansons écrites et composées par les plus grands poètes et musiciens de la nouvelle génération qui bouleversèrent les auditeurs dans tout le monde arabe. Après la défaite cuisante de la Guerre de six jours en 1967, la Diva fut obligée de faire une tournée arabe pour la collecte d’argent en vue d’aider son pays ruiné par la guerre. Elle organisa des concerts dans plusieurs pays dont la Tunisie en 1968. En dehors du monde arabe, elle se rendit à Paris où elle donna un concert à l’Olympia qui resta mémorable et auquel assistait le président français Charles De Gaulle qui avait déclaré à la fin du concert en s’adressant à Oum Kalthoum : « Mon cœur a tremblé ainsi que celui de tous les Français à l’écoute de ta voix ! » Le 5 février 1975, la voix d’Oum Kalthoum s’éteignit à jamais. Mais sa mort l’a encore rapprochée de ses admirateurs qui continuent, de génération en génération, à écouter ses chansons et à se laisser emporter par sa voix sublime dans un monde de rêves et d’évasion.
(Source Le temps)
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